SANCTUAIRES

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CHRISTIAN JALMA ET LES 12 TRAVAUX POCK POKC Christian Jalma dit Pink Floyd est un artiste énigmatique. Entièrement maître de ses dérives, il refuse qu’on le qualifie d’autodidacte, il se revendique « bien plus vilain encore »... L’homme, complètement habité par son œuvre, s’incarne en marginal conscient, en résistance contre l’ordre établi. « Parabolèr » (porte-parole) multiple et protéiorme, il est hanté par les oubliés de l’Histoire, soumis aux hurlements de ses chromosomes-mémoire. Tranchant dans le vivant, il aborde le monde avec violence, porté par une énergie sourde et vrombissante, faisant l’écho d’une altérité (alter-itas / autre vérité ) obscure, sous-jacente. Natif de la Réunion, il se situe bien au delà de cette position géographique ultra-périphérique ; Floyd Dog est hors-bord. Ambulant des périphéries aux marges, sa présence au monde tel que nous le connaissons est un bluff. Immergé dans l’espace magmatique des forges de l’identité créole, il élabore sa différence dans un bouillonnement d’expériences dès le plus jeune âge. Exilé des bancs de l’école, ses pensées libérées dérivent jusqu’aux limites d’un univers en cage. La topologie insulaire de l’île se pose comme le piège des particularismes locaux façonnant les clichés exotiques de La Réunion. En âme errante d’une seule et même matière - le Réel ; Il façonne une vision en contre-point du savoir institutionnel qu’il s’attache à réfuter dans une mise en abyme de l’Histoire entre deux lignes. De son nomadisme intellectuel débordant la carte, Christian Jalma s’oppose a l’a-priori de la co-habitation multi-culturelle de l’île en détruisant les fondements même d’une pacification idéologique créole. L’abolition de l’esclavage n’a pas rendu la liberté à l’homme noir ; elle l’a emprisonné dans sa chair, réduit à l’abandonnisme d’une nation oubliée. Cette amnésie est la source des problématiques soulevée dans le travail « arcréologique » de l’artiste collectionneur. Il dessine son arbre généalogique en partant de la clé du monde de l’océan Indien : l’abolition de l’esclavage par Auguste Biard. Il débusque dans ce tableau les personnages qui parlent en lui, il y voit ses ancêtres. Ce n’est pas moins de trente ans d’archivages qu’il détourne du quotidien dans un surgissement autre, étrange. En perpétuelle quête des indices dispersés dans l’Histoire officielle ultra-marine, il révèle les traces d’un Monde oublié en remontant jusqu’à sa cosmogonie. Court-circuitant les grandes lignes de l’Histoire écrite par les vainqueurs, l’artiste affirme que la France le craint parce qu’il révélera une mythologie créole sur laquelle la métropole n’a pas d’emprise. Il s’engage à la transmission des épisodes de cette mythologie « marron ». Les douze travaux Pock Pokc est un travail « in progress » qu’il a choisi de moduler sur un ordre de restitution inspiré des douze travaux d’Hercule. De l’envers de l’île, l’artiste est le passeur de l’au-delà des portes du sanctuaire. En mettant l’accent sur la notion de processus, dans l’espace immatériel de l’exposition, son travail sera à l’image de ses recherches et de sa création, en mutation permanente.
Présentés dans la « Jalmathèque » inaugurée dans l’espace expo-web à l’occasion de l’exposition L’envers de l’île [ Sanctuaires ], les douze travaux Pock Pokc seront révélées au fur et à mesure des interventions de l’artiste. Nous l’accompagnerons au dévoilement successif de ces étapes fondatrices et initiatives à la compréhension de l’œuvre d’une vie. Des ténèbres de l’ignorance, l’artiste nous transmet l’expérience d’une vie illuminée par l’oubli. Comment « dealer » ce Nouveau Monde contre la ligne qui rend possible l’existence de son bord ? Sonia Charbonneau *avertissement : les fautes d'orthographe font partie intégrante du processus d'écriture de l'artiste, qui explore de nouvelles voies entre français et créole.
POKC POCK 1
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