SANCTUAIRES

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L’ESA Réunion à la Krwazé1 L’Ecole Supérieure d’Art inaugure pour cette nouvelle année universitaire son cycle d’expositions avec « Sanctuaires », second volet de "L'envers de l'île", qui s’est tenue au Musée Léon Dierx récemment. Cette exposition est le résultat d'un workshop mené avec les étudiants des années 2, 3, 4 et 5 sous la houlette de deux enseignants et professionnels de l’art : Nathalie Gonthier, commissaire d'exposition et Aude-Emmanuelle Hoareau, philosophe de l'art. « L’envers de l’île/Sanctuaires » accueille les œuvres de 19 artistes, dont certaines issues de collections publiques de l'île et prend place dans la galerie de l’école mais également dans un espace d'exposition virtuel (web-galerie), dont l’inauguration aura lieu le même soir. Cette exposition est emblématique à plus d’un titre. D’un point de vue pédagogique d’abord, elle met les étudiants en situation professionnelle de montage d’une exposition depuis le choix des œuvres, selon une thématique et un protocole amenés par des enseignants, jusqu’à la médiation en passant par la scénographie et l’accrochage. L’étudiant est ainsi posé face à la réalité de ce média qui sollicite un large faisceau de métiers et de savoir-faires : direction artistique, design d’espace & design graphique, communication et accueil des publics… Par ailleurs, l’ouverture sur les collections publiques de l’île (le Musée Léon Dierx, l’Iconothèque et la Collection d’art contemporain de la Ville de Saint-Pierre) est une précieuse opportunité offerte aux étudiants de plonger dans notre patrimoine artistique, que nous mettons un point d’honneur à intégrer dans notre pédagogie. L’exposition met en dialogue des images anciennes et des œuvres d’artistes vivants à La Réunion, et vient ainsi nourrir la très nécessaire ouverture de l’enseignement sur le local dans toute sa diversité, sa complexité et sur son articulation avec le global. La Galerie de l’ESA est ainsi placée à la jonction de la pédagogie et de la recherche, à la rencontre du champ artistique, contribuant à la politique d’ancrage territorial de l’ESA par un maillage fort avec les opérateurs culturels et les artistes. Ceux de « L’envers de l’île/Sanctuaires » sont pour certains des anciens de l’école : Stéphanie Hoareau, Esther Hoareau, Esther Hoareau, Cédric Mong-Hy, Yohann Quëland de Saint-Pern, qui sont également enseignants dans l’établissement ; Léa Sautron et Abel Técher, fraîchement diplômés. Un dispositif de médiation a également été pensé et organisé par les étudiants, pour un accueil optimisé des publics, avec une attention particulière pour les jeunes et les scolaires. La galerie de l’Ecole, en tant qu’outil de diffusion de l’art contemporain est actuellement en mutation : son aménagement prévu à court terme en concertation avec la Ville permettra une plus grande accessibilité et une meilleure intégration dans la cité. Elle se dote par ailleurs d’un espace complémentaire, totalement virtuel celui-ci, une web-galerie qui permettra, dès mercredi de mettre en ligne des œuvres de plasticiens, d’écrivains, de critiques. Cette galerie virtuelle est une manière de faire tomber les murs de l’ESA, de gagner de l’espace, et, pour paraphraser Jean Davallon, de décloisonner « pour ainsi dire tout l’univers »2 de l’espace d’exposition. Pour l’inauguration de cet espace à géométrie variable et aux murs volatiles, les étudiants ont choisi trois artistes et auteurs : Christian Jalma, qui présente une Jalmathèque où vous découvrirez « Les 12 travaux pok pok » selon des protocoles performatifs jalmesques, Cédric Mong-Hy qui nous ouvre les portes sur les républiques Pirates et Stéphane Gilles, pour « Une épopée » à Piton Tortue, centre physique et métaphysique de l’île. Un espace critique, et un espace médiation figurent également dans web-galerie, qui est l’antichambre de la future revue de l’ESA-Réunion, revue en ligne encore en chantier et dont le principe repose également sur l’activation partenariale des « énergies durables » du secteur des arts visuels dans l’île, et même d’ailleurs ! 1 Mot du créole réunionnais qui veut dire croisée de chemin, carrefour. 2 « Claquemurer pour ainsi dire tout l’univers : la mise en exposition », Jean Davallon, Centre Georges pompidou/CCI, 1986. L’ESA-Réunion, en prenant part à l’ambitieux projet de « L’Envers de l’île », redit ainsi sa volonté de se poser à l’endroit de l’île où se rencontrent et coopèrent les puissances créatrices qui contribuent à l’émergence d’un appareil critique sur le territoire. Patricia de Bollivier
Directrice de l’ESA Réunion

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